Pendant le SeedStars Summit
Après cinq jours d’immersion dans l’expérience Tiers-Lieux – Fork the World conçue pour la 10ème biennale internationale du design de Saint-Étienne, rencontre pendant le Seedstars Summit avec le co-fondateur de Seedspace Genève, Stéphane Journot. Entretien à la table du coin café :
Qui es-tu ?
Mon non est Stéphane Journot, il y a maintenant de deux ans, j’ai co-fondé Seedspace Genève avec le groupe Seedstars qui est l’organisateur du Summit dans lequel on se trouve. C’est la sérendipité qui fait que l’on se retrouve là et je suis ravie de pouvoir répondre à tes questions ou en tout de discuter avec toi sur des axes de réflexions que tu veux aborder.
Un Concierge ?
Pendant longtemps mon titre officiel était concierge. C’est marrant que tu en parles, car il y a une petite histoire au sein de Seedspace. Je suis Suisse, j’ai un background dans l’hôtellerie et je suis rentré à SeedSpace à la suite de mes études en hôtellerie. Il y a des aspects dans la façon de gérer et dans la façon de fournir des services dans le tiers-lieu (notre positionnement avec SeedSpace est d’utiliser le terme Espace Collaboratif) qui est très similaire à l’hôtellerie. C’est presque exactement la même chose. Comme une hybridation entre un restaurant et un hôtel. Je n’ai jamais voulu me mettre en avant sur quoi que se soit et je trouvais le titre de concierge assez cool. À l’époque, j’avais 26 ans et un concierge de 26 ans, c’était pour moi une nouvelle manière de définir la conciergerie.
Le titre de concierge me paraît adéquat, car, si on prend l’exemple un peu extrême de l’hôtel de luxe ou le service est très poussé, le concierge, c’est celui qui sait tout. Celui qui aiguille et qui va tout savoir sur le service qu’il propose, c’est-à-dire ce que les clients peuvent faire, il va surtout connaître tous ses clients. C’est pourquoi je considère que le mot concierge dans les tiers-lieux est primordiale car on invente rien, mais lorsque l’on a une bonne connaissance de sa communauté et de ce que l’on peut proposer c’est là où la magie opère.
SeedSpace ?
Je vais parler de SeedSpace mais je vais commencer par SeedStars. SeedStars est un « compagy builder » qui c’est focalisé il y a maintenant quatre ans sur les pays émergents avec deux axes fort : l’entrepreneuriat et la technologie. C’est les pays émergents où la plus grosse création de valeurs et où les plus grosses opportunités apparaissent. Il y a quatre ans SeedStars a commencé a sonder ces pays émergents pour chercher les start-ups qui s’y produisait. Ils ont commencé avec 20 pays et aujourd’hui pour ce Summit, plus de 60 pays sont représentés. C’est assez génial de voir comment, années après années, un engouement de plus en plus fort se fait sur la scène start-up internationale et surtout dans les pays émergent.
SeedSpace est né il y a maintenant deux ans parce que le groupe Seedstars était un peu serré dans leurs bureaux en suisse et ils se sont rendu compte de ce qui se passait avec ce que tu appelles des tiers-lieux. Ils se sont rendu compte de la valeur que ça avait de pouvoir se retrouver avec des profils différents, avec des connaissances différentes et surtout de travailler ensemble ou collaborer. On a lancé il y a deux ans à Genève, le premier espace qui ciblait une communauté très entrepreneuriale et très start-up et ça a bien accroché. Aujourd’hui, on est présent dans près de 20 pays avec des partenaires. On a ouvert six espaces en deux ans dont certains en Afrique du Sud, au Nigéria, en Côtes d’Ivoire. On a aussi une activité qui grandit en Suisse puisque cela reste un point stratégique pour nous de par la présence du Summit chaque année, mais aussi de par la présence d’un écosystème comme on le voit aujourd’hui ici avec l’EPFL. Bref, des centres de compétences qui font que cela fait sens de se développer ici.
Une communauté de jeunes entrepreneurs ?
Les jeunes entrepreneurs, c’est un concept. On a des pères de famille, parfois doublement divorcés (et ça ne nous regarde pas). La communauté SeedStars comprend exclusivement des entrepreneurs, des start-ups, des investisseurs et des personnes qui sont dans des « early stage companies » c’est-à-dire dans des projets à très forte et très rapide croissance. Avec SeedSpace, on fournit des lieux qui mélange l’écosystème locale (là où est implanté le lieu) avec l’écosystème très start-up, très entrepreneur. Nous n’avons pas de restrictions fortes sur les gens dans nos espaces, mais se sont bien évidemment les entrepreneurs pour lesquels on arrive à fournir le service le plus adequat.
Il y a aussi une médiation. On a un malin plaisir à attirer le secteur privé (ce n’est pas nouveau mais encore embryonnaire) parce qu’avec on aime leur apporter des solutions. Mais au niveau purement clientèle SeedSpace, on est très ouvert parce qu’on se rend compte que se retrouver dans un tiers-lieu ne correspond à pas à tous les entrepreneurs. On voit des start-ups pour qui se retrouver dans un espace où le potentiel de collaboration est important ne les intéressent tout simplement pas. À l’inverse, on a des consultants (notamment sur le marché suisse), des personnes qui sont dans des petites structures qui n’ont pas le profil start-up, mais qui comprenne le coworking. Ils comprennent parce que se sont des gens qui vont aller à la machine à café de manière récurrente pour discuter et probablement échanger sur quelques choses de bénéfiques pour leur activité, mais aussi, profiter de la dynamique sociale. Nos espaces sont des lieux qui doivent permettre aux personnes de bénéficier d’un aspect social primordial pour le bien-être en générale.
Un engagement commun entre les personnes ?
On a des thématiques. Au Nigéria par exemple, la thématique était les FinTechs avec SeedStars et une sous-branche qui s’appelle SeedStars Academy. Il y a 10 boîtes qui se sont lancées au sein de l’espace, à l’ouverture, dans les FinTechs. Ce qui a bien sûr attiré d’autres boîtes FinTechs du Nigéria. Actuellement, on travaille à Abidjan sur l’éducation et les ÉducTechs. Ce sont en fait des verticales bénéfiques puisque cela met sous un même toit des personnes qui font face aux mêmes problématiques, par forcément avec les mêmes modèles, ni avec les mêmes objectifs, mais avec les mêmes problématiques de fond. Là, on trouve des synergies et là, c’est organisé. Après il y a peut-être un dernier niveau sur lequel on travaille mais qui n’est pas encore déployé, c’est la communauté en ligne. Avoir une sorte de réseau social qui permet aux membres de pouvoir comprendre quelle sont les personnes qui peuvent répondre à leurs besoins spécifiques.
Un patrimoine commun entre les personnes ?
Pour SeedSpace, on opère six espaces (ouvert en deux ans). On a un peu plus d’une vingtaine de partenaires qui sont des espaces avec qui on travaille. Ce sont des espaces dans des pays émergents qui constituent une base pour le réseau SeedStars. C’est-à-dire que toute la communauté peut s’y retrouver et nous avons une manière de collaborer qui est légère et « meaningful ». Actuellement, on travaille sur un wiki interne pour permettre de dupliquer notre modèle de manière beaucoup plus rapide et ouverte. C’est indirectement une sorte d’Open Source contrôlé qui permet aux personnes qui souhaitent reproduire notre modèle de le faire beaucoup plus rapidement. Ensuite, avec SeedStars Academy, on travaille enn mode Lean Start-up sur nos programmes. Ceux-ci durent six mois, et nous les faisons évoluer non pas parce que les « trends » évoluent, mais dans le but d’améliorer ce que l’on a peut-être pas suffisamment bien fait. Ça se sont des choses que l’on « build » au fur et à mesure.
Concernant les collaborations entre les entrepreneurs dans SeedSpace, il y a forcément des « Best Practice » qui ne peuvent être encadrées dans de la propriété intellectuelle. C’est du « know how » qui dans le monde des start-ups ne vont pas être partagés du jour au lendemain. Il n’y a rien de propriétaire dans la manière dont certaine start-up marche, mais c’est peut-être la manière qu’elles ont de se démarquer. Nous, on ne pousse pas nécessairement dans le sens d’un patrimoine commun dans SeedSpace. C’est vrai qu’au niveau macro on manque encore de recul pour travailler là-dessus.
L’avantage des tiers-lieu est que l’on peut développer des choses sans être sous la contrainte d’une entreprise ou du secteur public. Je vois ces tiers-lieux comme des bulles indépendantes qui se connectent mais encore trop peu. Aujourd’hui, on pourrait connecter tous ces lieux et faire un grand patrimoine entre tous. C’est important car cela générerai un point de rupture inédit. J’espère que ça arrivera un jour, car si on arrive à connecter ces réseaux physiques, on atteindra un point totalement disruptif…
L’ambition des Start-ups ?
Dans leur diversité, nous, on voit une « trends » et ça se voit aujourd’hui au Summit. Les entrepreneurs de SeedStars et de SeedSpaces font majoritairement partie d’une génération qui a grandi dans le digital et qui vise à améliorer certaines conditions. C’est pour nous intéressant, car on se rend compte que la volonté d’améliorer quelques choses doit faire partie intégrante des raisons pour lesquelles on lance un business ou bien que l’on se lève le matin pour bosser.
Article par le « Ninja Masqué » C.A.D pas Bizcom 😉